Jeux Olympiques d’Hiver : Sotchi, c’est fini

Les Jeux Olympiques de Sotchi c’était chaud, très chaud, trop chaud ! C’est pourquoi, chez VDBT, nous avons souhaité, en préambule, rendre un hommage musical à ces « 1ers JO de Printemps » :

« Sotchi, c´est fini,
Et dire que c´était la ville
De mon olympique séjour.
Sotchi, c´est fini
Je ne crois pas
Que j´y retournerai un jour. » (Hervé VILARD, extrait parodique de ‟Capri, c’est fini”, juin 1965)

La flamme olympique éteinte, la musique mise en sourdine, la neige remisée au hangar, place à l’analyse.

Le tableau des médailles du CIO, vaste fumisterie ou réalité sportive ?

D’après le Comité International Olympique (CIO), la Russie serait le grand vainqueur de cette 22e édition !
Comme trois autres de ses confrères organisateurs (Canada, Etats-Unis et Norvège) au cours de l’histoire des Jeux Olympiques d’Hiver, la Russie aurait damé le xénon (allusion à la déclaration du médecin de la délégation russe concernant le recours probable de ses athlètes à cette méthode de production d’EPO, non interdite par l’AMA…) à ses concurrents… Leur laissant en souvenir de cette station ‟balnéo-désertique” un bon bol de soupe de neige, salée à souhait.
En élargissant la lecture du tableau des médailles (classement non officiel publié à titre indicatif par le CIO) à chacune des éditions des JO d’Hiver, on apprend qu’en plus des 4 pays organisateurs consacrés, ce ne sont pas moins de 8 autres organisateurs qui sont montés sur le podium (dont la France 3e en 1968 lors des JO de Grenoble), soit plus de 50% des organisateurs ! Jouer à domicile a du bon !

Avant toute chose, il convient de rappeler le fonctionnement de ce classement. Vincent LE BIEZ nous l’explique en ces termes : ‟les pays sont classés selon le nombre de médailles d’or qu’ils ont récolté à l’occasion des différentes épreuves ; en cas d’égalité on regarde le nombre de médailles d’argent et en cas de nouvelle égalité on regarde le nombre de médailles de bronze. ”
La limite principale de ce système, toujours selon lui, est claire, il ‟revient à considérer qu’une médaille d’or vaut une infinité de médailles d’argent et qu’une médaille d’argent vaut une infinité de médailles de bronze.” (Vincent LE BIEZ, ‟La Chine, véritable vainqueur des Jeux olympiques”, Slate.fr, 15 août 2012)

Absurde pour beaucoup, absurde pour VDBT !

Certes, de nombreux classements alternatifs existent, mais rares sont ceux pourvus de sens. Majoritairement, ils font entrer des critères démographiques et/ou économiques quantifiables afin de pondérer ce classement. Cela est-il pertinent lorsque l’on veut connaitre le classement réel d’une compétition donnée ? Soyons clair, non !
Se pose-t-on la question des différences de moyens économiques entre le PSG et ses concurrents à l’heure d’établir le classement du championnat de Ligue 1 ? Non, parce que cela représenterait un non-sens sportif.
Ces classements alternatifs confondent résultats bruts (à quelle place ai-je terminé ?) avec la notion de mérite (est-ce que j’optimise mes résultats au regard de mes moyens financiers et autres critères ?).

Pourtant, à force de chercher, on a failli trouver notre bonheur chez certains de nos confrères ! En effet, ils proposent de pondérer la valeur de chacun des 3 métaux. Bonne idée ! Mais quelle méthodologie et quel critère de pondération appliquer ?
Les propositions sont souvent simples, pour ne pas dire simplistes, appliquer un coefficient à chaque médaille : or = 3 points, argent = 2 points, bronze = 1 point. Certains s’aventurent à doubler le coefficient à chaque fois soit 4, 2 et 1 points suivant le métal… Super ! Mais pourquoi ne pas utiliser une autre échelle de pondération suivant nos sensibilités ? En effet, pondérer un résultat par un coefficient sorti de nulle part n’a aucun sens statistiquement.

C’est pourquoi VDBT s’est creusé la tête pour trouver ce fameux critère de pondération objectif !

On était tenté, pour le fun, de pondérer chaque médaille par sa valeur financière réelle (la médaille d’or à Sotchi a une valeur de 419€ quand celle de bronze ne vaut que 2,40€ !) mais sportivement ça ne faisait pas sérieux.
Finalement on s’est arrêté sur le seul critère cohérent existant : la valeur moyenne des primes distribuées aux athlètes par leur ministère respectif.
Pourquoi nous direz-vous ? Parce que c’est le critère par excellence qui permet de déterminer quelle importance accorde un Etat à chacun des résultats de ses athlètes.

Voici un tableau des primes versées aux athlètes (cliquez sur l’image pour agrandir le tableau) :

Tableau des médailles - Primes versées aux athlètes
NB : Les conversions en €se sont faites au taux de change du 26/02/14
Sources : Bloomberg, France TV, Le Point, Reuter, Rio Novosti, Sportune

Avec un échantillon de 28 données (+/-10% des pays participant à une olympiade), réparties sur 5 éditions des JO et 21 pays aussi divers que les USA, le Kenya en passant par la France ou la Biélorussie, on a pu considérer cette tendance comme fiable afin de déterminer ce fameux coefficient de pondération.

La valeur pondérée de la médaille de bronze est toujours égale à 1. L’or et l’argent voient alors leur prime moyenne respective divisée par la prime moyenne du bronze afin d’obtenir les coefficients de 2,6 et 1,6 ; coefficient que l’on a arbitrairement arrondi à 2,5 et 1,5 par souci de simplicité dans les calculs à venir, sachant que l’influence de cet arrondi sur les résultats était extrêmement marginale.

Ces coefficients de pondération ‟VDBT” donnent donc à chaque médaille la valeur suivante :
– Or = 2,5 points VDBT
– Argent = 1,5 point VDBT
– Bronze = 1 point VDBT

C’est avec cette valeur pertinente attribuée à chaque médaille que nous avons pu revisiter l’ensemble des classements du CIO.

Ainsi nous obtenons pour Sotchi un nouveau classement, que nous vous présentons ici (cliquez sur l’image pour agrandir le tableau) :

Tableau des médailles Sotchi 2014 revisité

A la lecture de ce nouveau classement, 5 points remarquables ressortent :
– Le vainqueur reste inchangé comme lors de 15 des 18 éditions depuis 1948 ;
– Le Top 3 reste inchangé, comme dans 50% des éditions d’après-guerre ;
– La France gagne 2 places, intégrant ainsi le Top 10 (8e) pour la 8e fois depuis 1948 ;
– Les Bleus ne sont qu’à 4,48% (part des points glanés sur le total des points distribués) du podium soit le plus petit écart de leur histoire, après l’exceptionnelle édition de Grenoble en 1968 (magnifiée par le triplé du légendaire Jean-Claude Killy).
– La Suède (+4 places) et la Biélorussie (-5 places) connaissent des destins croisés. Dans l’histoire des JO d’Hiver, la plus forte régression est à attribuer à l’Ouzbékistan (JO 1994) qui avec son unique médaille d’or est passé de la 14e à la 20e place. A l’opposé, la Norvège est remontée de 7 places en 2006, profitant ainsi de ses 19 médailles (dont 2 en or) pour repasser (notamment) devant l’Estonie et ses 3 petites médailles d’or !

En conclusion, on constate que ce classement reflète globalement la réalité sportive, notamment pour ce qui est du vainqueur. Cependant, on a pu constater que l’augmentation du nombre de pays et du nombre de médailles en jeu avait une influence croissante sur les variations de classement entre les formules CIO et VDBT. En effet, avant 1994, la variation moyenne du classement de chaque pays était comprise entre 0,3 et 1 place. Depuis 1994, elle est comprise entre 1,2 et 1,5 place.
Ni fumisterie, ni réalité sportive, le classement du CIO est simplement dépassé par l’augmentation du nombre de médailles et du nombre d’athlètes. Adoptons ce classement VDBT !

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